Le forum LADYj.Tech pour célébrer les femmes de la Deeptech

28 mars 2024

Mercredi 27 mars, dans le cadre du Mois de l’égalité, Dijon métropole organisait, sur le campus métropolitain ESTP-ESEO, la deuxième édition du forum LADYj.Tech, dédié à la création de start-ups et d’entreprises innovantes par les femmes.

L’objectif de LADYj.Tech est de mettre en lumière des femmes créatrices de start-ups dans la métropole dijonnaise et plus largement en Bourgogne-Franche-Comté, de susciter des vocations entrepreneuriales chez les étudiantes, chercheuses, doctorantes… et de mettre en relation ces femmes avec des entreprises. LADYj.Tech  entend également informer les acteurs sur les dispositifs d’accompagnement existants et contribuer à faire bouger les lignes sur le sujet de l’entrepreneuriat innovant par les femmes.
Cet événement contribue à positionner Dijon, capitale régionale, comme une métropole à fort rayonnement, porteuse de développement économique et d’innovation et place forte de l’enseignement supérieur et de la recherche, notamment dans les secteurs de la santé, de l’alimentation et de la transition énergétique.

 

Après le succès de la première édition, qui s’était tenue le 30 mars 2023 à la Maison Régionale de l’Innovation à Dijon, LADYj.Tech2 a réuni à nouveau créatrices, entrepreneuses, chercheuses et acteurs de l’écosystème de l’entrepreneuriat innovant. Cette deuxième édition, plus spécifiquement consacrée aux « femmes dans la Deeptech », a vocation, plus encore que la précédente, à mettre en relation le monde de la recherche et de l’enseignement d’une part, celui de l’entreprise d’autre part. Les sujets abordés lors des échanges ont porté sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’innovation, de la paillasse à l’entreprise, avec cette ambition de mettre en lumière le travail mené par les chercheuses et la manière dont ces dernières ont réussi à devenir entrepreneuses.

 

Marie-Hélène Juillard-Randrian, vice-présidente de Dijon métropole déléguée aux PME, à l’innovation, à la recherche et aux transferts de technologie, représentant François Rebsamen, président de Dijon métropole a ouvert la séance

"Cette seconde édition de LADYj. Tech, insiste sur le lien Femmes-Science- Entrepreneuriat innovant.
En effet, si nous avons peu de Femmes créatrices d’entreprises innovantes, c’est aussi parce que n’avons pas assez de femmes
scientifiques. 
Ainsi, il existe un déficit de Femmes dans les STIM (Science, Technologie, Ingénierie, Mathématiques) qui se traduit par 33% des chercheurs et moins d’un tiers des ingénieurs. Du côté de l’entrepreneuriat innovant, les Femmes sont sous-représentées : moins d’une startup sur 4 est fondée ou co-fondée par une Femme.De plus, les Femmes sont sous-financées : 88% du total des fonds ont été levés en 2021par des équipes masculines. Elles sont aussi sous-employées : si dans les plus grandes startups françaises(NEXT 40), la parité existe ou presque avec 47% des effectifs, elles ne sont que 27% au board de ces mêmes entreprises. Parité ne signifie donc pas égalité !
Pour répondre aux enjeux écologiques, climatiques, de souveraineté alimentaire, de santé, la deeptech ou innovation de rupture est une réponse majeure à ces défis. Elle se caractérise par l’utilisation des dernières avancées de la recherche comme l’intelligence artificielle, les nanotechnologies, le vaccin ARN messager…qu’il s’agisse des sciences dites « dures » ou des sciences humaines. Aussi, nous devons mobiliser tous les talents dans ces domaines à très fort potentiel, surtout dans une période de difficultés cruciales de recrutement. Les Femmes chercheuRES et /ou entrepreneuRES doivent donc être plus nombreuses et davantage visibilisées.
C’est pourquoi, nous avons choisi avec nos 20 partenaires que je remercie collectivement , ne m’en veuillez pas, de contribuer à renforcer le lien entre le Monde de la Recherche et celui de l’Entrepreneuriat innovant en valorisant la place des Femmes chercheuRES et des dirigeantes de startups.
Les femmes ont toute leur place à tenir dans la création d’entreprises innovantes. On ne peut pas se passer de la moitié de l’humanité d’autant plus dans ce secteur qui aura à faire face à de grands défis comme ceux de la santé, la transition écologique ou la souveraineté alimentaire. »"

Pourquoi LADYj.Tech2 ?

Les femmes sont toujours moins nombreuses que les hommes à créer des start-ups. Et quand elles se lancent, elles sont nettement moins financées. Cette réalité, avérée dans de nombreuses études, évolue lentement. Elle constitue le contexte dans lequel se déroule LADYj.Tech2.

Moins d’un quart des startups sont fondées ou cofondées par des femmes. 12 % seulement des start-ups françaises sont fondées uniquement par des femmes. Les femmes créent en grande majorité en mixte (avec un homme), alors qu’un homme sur cinq seulement s’associe à une femme.

Facteur aggravant : les créateurs lèvent bien davantage de fonds que les créatrices. Le ratio est de l’ordre de 1,6 : en moyenne, un homme obtient 1,6 fois plus qu’une femme. Une femme associée à un homme lèvera 3,4 fois plus qu’une femme associée à une femme. En 2021, 88 % du montant total levé par les start-ups était capté par des équipes 100 % masculines ! On comprend donc que les équipes entièrement féminines sont les grandes perdantes : elles sont 4,3 fois moins bien financées que les équipes masculines, elles disparaissent après les premiers tours et ne parviennent pas à lever des sommes importantes – en 2021, aucune équipe féminine n’a levé plus de 50 millions d’euros.

Une étude menée conjointement par le collectif Sista et le BCG indique que seulement 18 % de femmes occupent un siège dans le Comex des start-ups du French Tech Next 40 et 22 % dans celles du French Tech 120.

À la réalité économique et financière s’ajoute celle de la communication : une étude réalisée par la Maison Veuve Clicquot révèle que 17 % seulement des femmes souhaitant créer leur entreprise  sont  capables  de  citer  le  nom  d’une  entrepreneuse !  Invisibles  dans  les  livres d’histoire, les créatrices et innovatrices le sont encore dans l’univers médiatique actuel.

La diversité femmes-hommes dans le monde des start-ups constitue donc un véritable enjeu. Selon le collectif Sista, la parité dans les équipes fondatrices sera atteinte en 2055, alors que la perspective était plutôt à 2058 il y a trois ans. La représentation des femmes dans les start- ups à impact connaît une évolution encourageante, indique l’étude « Invest in Her » de Ernst & Young parue en mars 2023. Sur les 1 008 startups cartographiées en France par le cabinet, 275 sont fondées ou co-fondées par des femmes, soit 27 %, mais sur l’échantillon des start-ups de moins de cinq ans, la part de femmes fondatrices atteint 34 %. L’étude souligne également que moins d’un tiers des créatrices ont suivi des études scientifiques.

La médiatisation de créatrices d’entreprises ayant connu le succès et la participation de start-upeuses à des événements comme LADYj.Tech contribuent, en créant des exemples et des précédents, à inciter les femmes à sauter le pas.

Pour Nathalie Koenders, Première adjointe au Maire de Dijon et Vice-Présidente à Dijon Métropole, il est très satisfaisant que le forum Ladyj'tech2 soit organisé au sein de l'école d'ingénieur OSEO accompagné dans son implantation par la métropole Dijonnaise. Concernant les liens entre le monde de la recherche et le monde économique, ils doivent être renforcés a insisté la 1ère adjointe. A ce titre, Dijon métropole travaille dans ce sens avec les deux filières d'excellence que sont la santé avec le technopole Santenov et l'agroalimentaire avec Dijon Alimentaire 2030. 

Laëtitia Martinez, Vice-Présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté en charge de l'enseignement supérieur, de la recherche, de l'égalité et de la laïcité a rappelé que la région a déployé des dispositifs pour accompagner et soutenir la création d'entreprises innovantes. A ce titre elle a créé le dispositif  ICE - Itinéraire Chercheur Entrepreneur. L'idée est d'aider les chercheurs à créer leur entreprise car cela contribue à l'attractivité du territoire et crée de l'emploi, ce qui est en adéquation avec la compétence économique de la région. La Vice-présidente a rappelé également que d'autres soutiens sont mis en place par la région pour accompagner et développer l'entrepreunariat. Pour conclure, Laëtitia Martinez constate que 25 à 30% de femmes bénéficient du dispositif ICE, ce qui n'est pas suffisant, mais les évènements tels que Ladyj'tech ont vocation à inciter les femmes à créer leurs entreprises.
 

LADYj.Tech2, dans une métropole favorable à l’entrepreneuriat et à l’innovation

Dijon métropole et ses partenaires de l’écosystème entrepreneurial agissent concrètement en faveur de la création d’entreprises et de l’innovation, en particulier dans les domaines de la santé et de l’alimentation.

Dijon métropole exerce, sur son territoire, la compétence du développement économique. À ce titre, la collectivité mobilise les acteurs, notamment les organismes qui accompagnent la création et le développement des entreprises, contribuant à la structuration d’un véritable écosystème local favorable à l’émergence d’entreprises innovantes, engagées dans les défis de notre époque (transition écologique et énergétique, transition alimentaire, santé…).

L’organisation de LADYj.tech en est l’illustration : fédérer, le temps d’une soirée, les acteurs du territoire autour d’un enjeu, celui de la création de start-ups par les femmes.

Quelques actions menées par Dijon métropole en faveur de l’entrepreneuriat et de l’innovation :

- L’appui à la structuration et l’animation de filières organisées, à l’instar de l’agroalimentaire et de la santé, en lien avec le pôle de  compétitivité Vitagora ou Santenov.

- L’appui au déploiement de fonds de capital-risque et d’investissement spécialistes de l’innovation, la participation à leur gouvernance, le développement de l’offre d’accélérateurs.

- L’attractivité et l’appui au développement de l’enseignement supérieur (40 000 étudiants à Dijon) et de la recherche, avec le soutien aux doctorants par la SATT Sayens, pour transformer leurs résultats de recherche en des innovations protégées à fort potentiel d’impact et pour créer leur entreprise innovante via l’incubateur DECA-BFC. Le campus métropolitain où se déroule LADYj.Tech2 accueille ainsi l’École supérieure des travaux publics (ESTP) et l’École supérieure d’électronique de l’Ouest (Eseo), deux grandes écoles d’ingénieurs accompagnées dans leur implantation à Dijon par la collectivité.

- L’attractivité  et  l’accueil  de  jeunes  entreprises  sur  des  sites  dédiés :  technopôle AgrOnov à Bretenière, Village by CA à la Cité internationale de la gastronomie et du vin, « Campus Santenov » fin 2025 (près de 10 000 m² de bureaux et laboratoires pré- équipés et modulables).

DBI, agence d’attractivité de la métropole, a vocation à prospecter des entreprises pour accompagner leurs projets d’implantation et à appuyer le développement des entreprises du territoire. > www.dijonbourgogneinvest.fr

 

Dans le cadre de l’écosystème d’appui aux entreprises innovantes, des acteurs partenaires ont participé au Copil de LADYj.Tech2 :

DECA-BFC, incubateur national de la recherche publique en région, accompagne, à titre gratuit, des porteuses (teurs) de projets innovants pendant 18 à 24 mois à la création de startups avec un parcours personnalisé et collectif, un financement et un hébergement. Une nouveauté depuis janvier 2024 pour les projets Deeptech, avec le programme START&GO Deeptech in BFC qui les booste et challenge en 6 mois.

- L’université de Bourgogne, qui compte environ 33 000 étudiants sur 6 campus, dont près de 29 000 à Dijon. Elle compte également près de 1 000 doctorants. Depuis 7 ans, elle figure dans le célèbre classement de Shanghaï des 1 000 meilleures universités du monde, s’illustrant en particulier dans 6 domaines d’excellence : alimentation, santé, photonique, care, patrimoine et territoires, vigne et vin.

- La Burgundy School of Business (BSB) a développé son propre incubateur, The Entrepreneurial Garden (TEG), dédié à ses étudiants souhaitant créer une entreprise pendant leur cursus de formation à l’école. La fondation BSB soutient chaque année trois à cinq jeunes pousses qu’elle finance à hauteur de 10 000 euros.

- La SATT Sayens, en tant que Société d’Accélération du Transfert de technologie, répond aux besoins d’innovation des entreprises (start-up, PME, ETI, Grande Entreprise,…) en leur apportant expertises, technologies et équipements au meilleur de l’état de l’art. Elle s’appuie sur les compétences de 6500 chercheurs, 4000 doctorants issus des 140 laboratoires de la recherche publique répartis sur les régions Bourgogne-Franche- Comté et Grand Est (Lorraine et Sud Champagne Ardenne - Troyes), Sayens détecte et fait émerger les résultats scientifiques prometteurs, les transforme en innovation au profit des entreprises et des startups, source de croissance et de création d’emplois.

- Acteur majeur du financement à chaque étape du développement des entreprises et agissant en appui des politiques publiques pour l’État et les régions, Bpifrance déploie en Bourgogne-Franche-Comté, depuis ses bureaux dijonnais, les dispositifs d’appui fléchés à la création de startups innovantes avec un focus sur les projets Deeptech.

Dijon Bourgogne Invest est l’agence d’attractivité de Dijon métropole. Sa vocation est d’attirer des investisseurs et des entrepreneurs sur le territoire de la métropole, mais également de favoriser le développement des entreprises implantées.

- La CCI Bourgogne-Franche-Comté,  plus particulièrement Enterprise Europe Network (EEN) fait partie d’un réseau international de 600 organismes comptant 3 000 conseillers spécialisés présents dans 60 pays.

- Les Docks numériques, créés en 2011, sont, à Dijon, le premier accélérateur de start- ups de Bourgogne-Franche-Comté. Ils accompagnent les entreprises du numérique à travers trois programmes dédiés à l’accélération, à la levée de fonds et à l’open innovation.

- La FrenchTech BFC est le mouvement des acteurs de l’innovation en Bourgogne- Franche-Comté. Il accompagne les startups et entreprises innovantes dans leur visibilité, leur participation à des salons internationaux ou leur mise en réseau.

- Le Village by CA Champagne-Bourgogne, basé à la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon, accompagne des startups déjà créées, qui ont terminé leur incubation en leur proposant un programme de croissance et de développement. Il propose également à ces startups un hébergement et des espaces de co-working.

Elles témoignent à LADYj.Tech2 : des créatrices montrent la voie

Des créatrices et dirigeantes d’entreprises de la métropole et de la région ont pu témoigner de leurs parcours, de leurs difficultés et de leurs réussites. Leur engagement a valeur d’exemple.

-   Alimentation & vin

Virginie Becquart, cofondatrice de Foodpilot – Paris, Montpellier, Dijon – Création 2022 – Création de solutions digitales de pilotage de la transition pour les entreprises agroalimentaires et viticoles

« Le premier sujet quand on parle de création d’entreprise par des femmes, c’est celui de l’auto-légitimité : les femmes manquent de confiance en elles, elles ont le sentiment qu’elles ne seront pas à la hauteur. Le comportement et le mépris de certains hommes ne les aident évidemment pas. Cela peut être rédhibitoire, chez des femmes qui ont absolument besoin de soutien, d’encouragements. Dans ce contexte, la recherche de financement s’apparente parfois à une épreuve de fond, pendant laquelle la créatrice ou la jeune dirigeante est confrontée à des interlocuteurs généralement uniquement masculins. Mais les choses évoluent, notamment parce que les femmes parlent aujourd’hui. »

Anne Cazor, fondatrice de Scinnov – Malakoff (92), Niort – Création à Dijon en 2006 (Concept Cuisine Innovation à l’époque) – Développement de produits pour l’industrie agroalimentaire

« J’ai toujours  travaillé  dans  un  environnement  largement  féminisé,  en  particulier  sur  les  bancs  de  l'école d'ingénieurs puis à l’Inrae où j’ai effectué ma thèse. Quand j’ai créé l’entreprise, j’ai essuyé quelques railleries, mais il m’en aurait fallu beaucoup plus pour me décourager. Quand un projet est bon et bien présenté, il devient réalité, qu’on soit une femme ou un homme. C’est plus dans l’univers de la gastronomie que dans celui de l’alimentaire que le fait d’être une femme m’a demandé de prouver ma légitimité. Dans les cuisines de grands chefs, j’ai été chahutée au début, j’ai dû faire mes preuves, plus que si j’avais été un homme. L’émergence du télétravail est une opportunité : elle fait entrer le privé dans le professionnel, et lève du coup un obstacle pour l’entrepreneuriat féminin. Dans ce contexte, un seul conseil : créez sans vous poser de question ! »

Sivan Dor, vice-présidente R&D de Mediterranean Food Lab – Tel Aviv, Dijon (implantation en cours de la filiale européenne et du centre de R&D) – Création 2017 - 20 collaborateurs – conception et fabrication d’ingrédients à partir de la fermentation en milieu solide

« Les femmes ont compris qu’elles peuvent ! Elles ont gagné en confiance en soi. Les choses évoluent donc, mais il n’en reste pas moins que l’activité domestique reste mal partagée et que les femmes continuent d’en faire plus à la maison que les hommes. La crise du Covid a toutefois accéléré l’évolution avec le développement du télétravail. L’autre enjeu, c’est le fait que les femmes s’orientent moins que les hommes vers les filières scientifiques et que, quand elles s’y sont engagées, elles ont moins envie qu’eux de créer une entreprise. Il faut donc les accompagner davantage dans cette voie. »

Alicia Froidurot, porteuse du projet Med soutenu par la SATT Sayens, future directrice scientifique de la startup à venir en cours d’incubation chez DECA-BFC – Dijon – Conception et commercialisation de bactéries aidant la digestion

« Notre projet consiste à fonder une start-up pour valoriser les résultats d’un programme de recherche de thèse sur des bactéries fibrolitiques (qui dégradent les fibres alimentaires). Nous espérons, avec mes quatre associés, lancer la commercialisation à l’horizon 2025. La biologie est l’un des rares domaines scientifiques où l’on compte plus de femmes que d’hommes, y compris au niveau doctorat. Ici, la place des femmes n’est donc pas un sujet. Du moins la répartition des rôles dans l’entreprise n’est pas un sujet sexué. »

Marielle  Adrian, directrice  de  l’Institut  universitaire  de  la vigne  et  du vin  (UIVV) et codirectrice de la chaire Unesco Cultures et traditions viti-vinicoles

« À l’université, les femmes sont toujours moins nombreuses que les hommes aux postes de professeur et elles restent minoritaires dans les jurys. La filière viticole, très masculine autrefois, intègre un nombre croissant de femmes, notamment sur le volet protection de la vigne mais aussi œnologie. Nous avons des exemples d’étudiantes de l’université de Bourgogne qui ont entrepris de belles carrières dans le monde viti-vinicole. Les choses doivent évoluer en douceur : la parité peut être une bonne idée mais il faut surtout que les femmes s’imposent par leur intelligence et leur compétence. »

-   Santé

Delphine Croisier, dirigeante de Vivexia – Dijon – Création 2009 – Évaluation et conception de nouvelles thérapies antibiotiques dans le traitement des maladies infectieuses

« Je n’ai jamais souffert de critiques directes et personnelles dans mon parcours de créatrice et de dirigeante, mais je me suis posée beaucoup de questions, sur ma capacité à réussir, sur ma capacité à mener de front vie professionnelle et vie personnelle. Le manque de confiance en soi et un certain sentiment d’insécurité peuvent dissuader des femmes de se lancer. Le point d’achoppement reste, chez beaucoup, la question de la situation familiale, qui pèse davantage à mon sens que la question de savoir si on est un homme ou une femme. Je dois aussi dire que beaucoup d’hommes m’ont encouragée, soutenue, dans cette voie qui est usante. »

Marina Deschamps, cofondatrice d’Advesya – Besançon – Création 2020 – Incubation chez

DECA-BFC 2019-2021 Développement d’immunothérapies innovantes en onco-hématologie

« Dans le domaine de la santé, il y a davantage de femmes que d’hommes dans les postes de techniciens et d’ingénieurs, mais c’est l’inverse du côté des chercheurs et des directeurs de recherche. Le dialogue femmes- hommes n’est pas toujours facile, il peut y avoir certaines gênes, on ne sait pas comment se saluer. Souvent, les femmes ne sont pas considérées à leur juste place : on m’a souvent appelée “madame” quand on appelait mon associé “docteur”, quand on ne m’a pas d’office considérée comme l’assistante. Pour autant, cela ne saurait constituer un blocage pour une femme qui veut entreprendre. Ma grand-mère me l’a appris : “Ce n’est pas parce que tu es une fille que tu ne peux pas le faire !”. »

Amélie  Godard,  cofondatrice  de  Fluonir  –  Dijon  –  Création  à  venir  (octobre  2024)  –

Développement de molécules pour la chirurgie du cancer

« Issue d’une formation en chimie et biologie à Strasbourg, j’ai préparé ma thèse à Dijon. Pendant cette thèse, j’ai découvert les qualités de certaines molécules, capables de produire de la lumière quand elles sont excitées par un laser, ce qui peut être utilisé pour illuminer les tumeurs et aider le chirurgien à opérer en précision. Je n’imaginais pas qu’on puisse laisser cette découverte de côté alors que tant de gens souffrent du cancer. L’idée de l’entreprise est née ainsi. Je m’associe avec une autre chercheuse, Malorie Privat : nous allons former un binôme de femmes entrepreneuses. Ma conviction c’est que la création d’entreprise, c’est pour tout le monde ! Il faut la démystifier auprès des femmes, dès le plus jeune âge. Plus il y aura de femmes qui créent autour d’elles, plus les femmes auront envie de créer à leur tour. »

Catherine Creuzot-Garcher, cheffe du service ophtalmologie au CHU Dijon-Bourgogne

« Les femmes sont plus nombreuses que les hommes sur les bancs de l’université, et au final moins nombreuses que les hommes aux postes à responsabilité. Les horaires de travail, l’obligation de voyager rendent dif ficile l’accès à ces postes à des femmes qui restent davantage mobilisées sur les tâches ménagères. Les choses évoluent doucement mais la situation de maman reste une problématique majeure pour les femmes qui veulent progresser professionnellement. L’inégalité femmes-hommes se ressent aussi à travers les différences de salaire : à l’hôpital public, les salaires sont les mêmes pour les femmes et les hommes, sauf que les femmes ont généralement marqué des pauses dans leur carrière et sont plus souvent à temps partiel. »


-   Numérique

Sarah Théroine, doctorante chez Davi – Nevers, Dijon – Conception d’outils de chat en langues étrangères

« Ma thèse en linguistique et intelligence artificielle a porté sur la faisabilité de la création de chatbots capables de répondre à un utilisateur en langue étrangère (anglais et espagnol pour l’instant), en s’appuyant sur la création de corpus en langue étrangère qui évitent de passer par une traduction. Nous avons prouvé la faisabilité. Je souhaite maintenant poursuivre le travail et passer en phase d’expérimentation en entreprise. Les femmes sont peu nombreuses à pousser le développement d’outils innovants en sciences humaines et sociales, et elles sont de surcroît très peu nombreuses dans le secteur du numérique. Nous avons des idées, à nous de les concrétiser ! »

-   Transition écologique

Agathe Rouzaud, cofondatrice d’E-collant –  Auxerre – Création 2019 – Incubation chez

DECA-BFC 2020-2022 - Solution de recyclage des collants et textiles

« Le textile est un univers très masculin, où les femmes sont concentrées sur des postes de marketing. Quand j’ai commencé à travailler avec la production industrielle textile, je me suis retrouvée entourée d’hommes, à qui j’ai dû prouver que je pouvais faire “comme un homme”, “aussi bien qu’un homme” ! Même chose quand il a fallu convaincre les partenaires financiers. Face à cette situation, la solution, c’est la mixité de l’équipe dirigeante. Et quand on est femme et jeune, c’est la double peine. C’est ce qui explique que tant de femmes éprouvent encore le syndrome de l’imposteur, profondément ancré. »

-   Industrie

Romane Troncin, chargée de mission R&D chez Sintermat – Venarey-les-Laumes ;– Création 2016 – Métallurgie des poudres

« L'intégration est selon moi liée plus fortement à la personnalité qu'au genre. Une femme dans un monde d’hommes doit faire preuve de caractère et ne surtout pas s'infliger d'auto-sabotage en doutant de sa légitimité. Il est vrai que l’industrie attire très peu les femmes mais les mentalités commencent sérieusement à évoluer. Pour ma part, je n’ai jamais eu à faire face à des problèmes relationnels avec mes collègues masculins. Ceux -ci ont même tendance à reconnaitre apprécier ma vision insolite, mon approche plus sensible et créative. J’en suis convaincue : la mixité est une composante qui permet d'apporter une richesse des perceptions et des méthodes d'appréhension d'un projet pour une finalité plus complète. »

Catherine Abonnenc, présidente nationale de Femmes Business Angels

« Parmi les quelque 5 000 business angels français, 10 % seulement sont des femmes. Nous fédérons, au sein de Femmes Business Angels, environ 150 femmes qui s’investissent dans le financement de projets d’entreprises. Ces projets ne sont pas seulement portés par des femmes : un tiers sont portés par des hommes, un autre tiers par des femmes, et les autres sont mixtes. Ce que nous constatons, c’est qu’il y a davantage de projets à impact chez les créatrices, et que celles-ci valorisent mieux que les hommes la notion clé d’équipe. »

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