La seule junior entreprise spécialisée dans le vin a organisé un nouvel événement à Beaune

06 décembre 2018

Parmi les quelques 200 junior entreprises existant en France, il n'y en a qu'une qui soit spécialisée dans le monde du vin et elle est en Bourgogne ! BSB Junior Consulting (BSB JC) est le cabinet de conseil des étudiants de l'école supérieure de commerce de Dijon, Burgundy School of Business (BSB).

« BSB Junior Consulting accompagne porteurs de projet et entreprises dans leur développement, en mettant en relation les enseignements de l’école avec les problématiques des professionnels. Les compétences de School of Wine & Spirits permettent de s’ouvrir au milieu du vin, ce qui met en lumière la nécessité de s'intéresser aux nombreuses problématiques pour s'y adapter au mieux. Et discuter l'avenir avec les professionnels est la condition de cette adaptation » selon Nicolas Le Malet, président de BSB JC. En ce qui concerne la School of Wine & Spirits Business (SWSB), cette structure de BSB revendique d'être « leader mondial des formations sur le vin » et pour son directeur, le Dr Jérôme Gallo, « un tel événement est l'assurance de confirmer l'excellence de l'accompagnement de nos élèves, en relation avec les enjeux actuels et futurs d'un milieu qui évolue rapidement ».

Nicolas Le Malet, président de BSB Junior Consulting
Nicolas Le Malet, président de BSB Junior Consulting

L'idée a germé en 2017 dans la tête de trois étudiants de BSB « dans le but de faire connaître un petit peu notre domaine d'excellence dans les vins et spiritueux puisque, en tant que junior entreprise, on essaie de se différencier des autres pour grandir au sein du mouvement national des juniors entreprises » comme le confie Nicolas Le Malet. S'ils furent trois au départ du projet, ils étaient vingt-quatre étudiants à accueillir, en tenue lie de vin, les participants du Wine Business.

Répondre au changement climatique en respectant le modèle bourguignon

Pour la première édition de ce nouvel événement consacré au monde du vin vu sous l'angle entrepreneurial organisée ce 29 novembre 2018 à Beaune, le MEDEF Côte-d'Or et le Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne étaient associés à la SWSB. Le format ? Une conférence d'un expert du monde du vin, deux tables-rondes de témoignages d'entrepreneurs et de cadres de la filière (parfois anciens étudiants de SWSB) et s'ajoutait à cela un salon des startups installé dans le hall des Ateliers du cinéma. Le thème ? L'impact des évolutions climatiques sur la vigne et le vin de Bourgogne. Le public ? Des étudiants de BSB évidemment et des élèves du lycée viticole de Beaune bien sûr mais ils ne représentaient pas le contingent le plus important des quelques 150 participants. Il y avait surtout des professionnels des filières viticoles et vinicoles (viticulteurs, négociants, transporteurs et métiers annexes...) en provenance de la Côte-d'Or en particulier ainsi que de la Bourgogne en général et même de la Champagne.

Dans les propos introductifs, après avoir félicité les organisateurs, David Butet, le président du MEDEF Côte-d'Or, est brièvement revenu sur la problématique des droits de succession pour les propriétaires de vigne afin de peser sur les évolutions de la législation fiscale en la matière : « se faire dilapider le patrimoine ce serait quelque chose de très dur. Ça a pu arriver dans d'autres secteurs, dans d'autres régions. Il ne faut pas que cela arrive dans notre région de Bourgogne ». Un message soutenu par les participants.

Christophe Chauvel, régisseur des Domaines Albert Bichot

Christophe Chauvel, régisseur des Domaines Albert Bichot

Christophe Chauvel, régisseur des Domaines Albert Bichot depuis plus de vingt ans, a donné sa vision de l'impact des évolutions climatiques sur la vigne et le vin de Bourgogne et notamment sur son travail au quotidien. Il a vu émerger le phénomène : « ce réchauffement climatique, on le vit directement ou indirectement depuis un certain nombre d'années (…). Si les aléas climatiques ne sont pas nouveaux, on pense que la fréquence et l'amplitude semblent croissantes (…). Face à ça, on fait déjà des choses dans le but de limiter les dégâts ». Comme les feux de paille pour protéger la vigne du gel par un écran de fumée, la diversification des plants de pinot noir et de chardonnay ou la stimulation des défenses naturelles de la plante...

Le régisseur a rappelé que les vignerons avaient l'habitude de combattre le mildiou certaines d'années et l'oïdium d'autres années mais ils constatent dorénavant de plus en plus d'années avec la manifestation simultanée de ces champignons pathogènes. Parallèlement, d'autres fléaux potentiels prennent de l'importance : flavescence dorée, drosophile Suzuki, black rot...

Le phénomène est connu à présent, depuis les années 1980 les dates de vendanges tendent à passer de début octobre à début septembre. Vendanger aussi tôt change le rapport à la période de maturation des raisins qui se fait en août : « on a une maturation qui évolue très très vite et qui est plus difficile à cerner » a souligné Christophe Chauvel. Cette période difficile à trouver implique d'attendre le dernier moment pour lancer une équipe de vendangeurs de plus en plus importante, ce qui pose des problèmes de recrutement. Autre changement concernant les vendanges : avant les années 1980, des résistances électriques étaient utilisées pour réchauffer les raisins récoltés ; à présent, on a recours à des procédés cryogéniques pour les refroidir.

Christophe Chauvel a insisté sur le fait que les réponses à apporter au changement climatique devaient respecter l'image du modèle bourguignon (patrimoine, cépages...). Le changement climatique impose le challenge de savoir s'adapter, ce que les vignerons ont déjà su faire par le passé (crise du phylloxéra, expérimentation des hybrides, évolution du niveau de référence en acidité volatile à la dégustation...).

« Adaptabilité et persévérance », les qualités des étudiants de School of Wine & Spirits Business

La première table ronde animée par Berty Robert, rédacteur en chef du Journal du Palais, concernait le développement commercial à l'international et comportait des témoignages d'entreprises et des retours d'expériences d'étudiants. Premier témoin, Christophe Cazzola, ancien étudiant de SWSB, qui est depuis 18 mois business analyst et business developer junior à la direction internationale de Moët Hennessy, la branche vins et spiritueux du groupe LVMH. Lors de son recrutement, Christophe Cazzola a été préféré à des candidats venant de grandes écoles, comme HEC, son intérêt pour le vin et le profil transversal de sa formation faisant la différence.

En quelques mois, il a déjà implémenté une stratégie de distribution sélective chez Moët et Chandon qui a été reprise dans les autres maisons de champagne du groupe. « Des campagnes médias assez innovantes, assez disruptives » ont été lancées car « comme nous avons des volumes limités, chaque bouteille doit être valorisée à son maximum » a-t-il souligné. L'analyste d'affaires a précisé l'effet d'un euro fort pour son employeur : une perte de 30 millions d'euros rien que pour les taux de change en 2018. Cela l'a amené à privilégier les marchés où la marge est plus élevée, comme les États-Unis.

La seule junior entreprise spécialisée dans le vin a organisé un nouvel événement à Beaune Autajon étiquettes Bourgogne, Moët Hennesy et SWSB représentées pour témoigner sur le développement commercial à l'international

Le second témoignage concernait un futur recrutement : en janvier 2019, un étudiant de SWSB sera recruté par Autajon, grand groupe familial représenté sur la scène des Ateliers du cinéma par Ghislaine Vadas, cheffe des ventes. Autajon réalise des étiquettes de vin et spiritueux, des étiquettes industrielles et des emballages. Il est présent sur 35 sites de production dans le monde et emploie 4 000 salariés.

La division étiquette comporte dix sites et celui de Beaune est le premier à recruter un étudiant de SWSB. Le profil recherché par l'entreprise était un amateur de vin formé pour le commerce. L'étudiant concerné va représenter l'image d'Autajon dans le Sancerrois et les côtes d'Auvergne auprès des vignerons, des caves coopératives et des maisons de négoce. « Ce que j'attendrai de notre recrue, c'est qu'il soit accessible, donc humain, et qu'il puisse s'adapter à une typologie différente d'un rendez-vous à l'autre » a spécifié la responsable des ventes.

Selon Ghislaine Vadas, « l'étiquette de vin est, aujourd'hui, un produit très technique dont la technologie évolue tous les jours. La bouteille de vin est le seul produit que vous achetez qui va arriver sur votre table, tout le reste sera reconditionné ». Les évolutions concernent notamment la traçabilité des bouteilles et la lutte contre la contrefaçon. Parmi les toutes dernières innovations, l'impression d'effets graphiques aléatoires sur des séries illimitées : « chaque étiquette est unique. On imprime des couleurs différentes, nous passons de la dorure différente et nous mettons des vernis graphiques différents sur chaque étiquette ».

Pour souligner les mérites des étudiants de SWSB ainsi recrutés par des entreprises prestigieuses, Pierre Joulié, directeur de programme SWSB et ex-directeur financier de Louis Latour, a mis en avant les qualités demandées par l'école : « adaptabilité et persévérance ». Les parcours professionnels des différents directeurs de programme de la SWSB sont aussi importants pour créer de forts liens avec les entreprises qui sont ensuite mis à profit pour les étudiants.

Selon le directeur de programme, les recrutements des entreprises du monde du vin évoluent. Il y a dix ans, la connaissance des vins n'était pas nécessairement un préalable. Aujourd'hui, des qualifications qui permettent de justifier d'un certain niveau de connaissance sont bienvenues. Pierre Joulié a rappelé que l'international est un axe fort de SWSB : deux diplômes sur trois sont en anglais, il y a des étudiants internationaux dans tous les diplômes et ils sont formés à une approche des vins du monde entier. « On ne pense qu'international, on est très content d'être implanté en Bourgogne mais on ne pourrait pas former des gens uniquement sur les vins de Bourgogne, ce serait trop limitatif » a-t-il glissé devant le public venu de Bourgogne et de Champagne.

La seconde table-ronde a concerné l'impact cette fois de la « révolution digitale » sur la commercialisation des vins et sur les services pour les amateurs de vin. Ont participé Marie Dupuis (créatrice d'Oenotourisme.com), Sébastien Bricout (PDG de Domaine du goût) et Alexandre Bastard (Confondateur de VitaNinum) pour échanger sur les opportunités offertes à la filière. Un cocktail dans le hall des Ateliers du cinéma a finalement permis d'échanger en toute convivialité autour d'innovations changeant la manière de découvrir ou de partager le vin.

Tristan Lamy , directeur des entreprises, de l'agriculture et de la banque privée pour le Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne

La bancassurance, doublement impactée par le changement climatique

En marge du forum, Tristan Lamy (directeur des entreprises, de l'agriculture et de la banque privée pour le Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne) a livré son point de vue sur le recrutement d'étudiants d'écoles de commerce ainsi que sur l'impact du changement climatique.

« On est présent sur toute la filière. On est une banque universelle de proximité, on répond à tous les projets de tous nos clients. On a des clients qui sont étudiants dont le projet est de réaliser de beaux événements comme on fait là. On a des clients qui sont innovants comme ceux que l'on va présenter en fin de journée. Pour nous, cela avait beaucoup de sens de mettre en valeur la filière viticole et aussi notre savoir-faire dans ce monde-là, c'est-à-dire comment on les accompagne au quotidien, dans l'installation, dans la conduite de leur projet, à l'export... et puis dans toutes les transformations ».

« Toutes les caisses régionales viticoles en France ont commencé à le faire, nous on a été précurseur dans ce domaine-là : on a mis en place ce que l'on appelle un pôle viticole. C'est cent-dix personnes sur toute notre caisse régionale, sur quatre départements, qui sont au service de la viticulture, qui sont regroupées dans des agences spécifiques ». [NDLR : les départements en question sont l'Aube, la Côte-d'Or, la Haute-Marne et l'Yonne]

« Dans notre credo, ce que l'on pense, c'est que c'est effectivement plus facile d'apprendre la banque que d'apprendre l'agriculture ou la viticulture ou l'industrie... La banque, sur une période, a recruté beaucoup de profils technico-commerciaux, voire que commerciaux, et, aujourd'hui, on s'oriente vraiment sur des profils que l'on peut mettre spécifiquement sur un domaine et ensuite on leur apprend la banque ».

« On est une bancassurance, on est impacté doublement [par le changement climatique]. C'est la capacité d'adaptation, l'anticipation et le soutien que l'on a. On accompagne depuis plus de cent ans la viticulture, c'est passé par des hauts, c'est passé par des bas. Il y a eu quelques années difficiles en 2014-15-16, on a été là en soutien. On est des réducteurs de risque. On a aussi mis en place des assurances qui sont spécifiques, qui s'appellent des assurances récoltes. Cela peut être uniquement des assurances grêle. Cela peut être des assurances plus complètes, cela peut aller jusqu'au chiffre d'affaire dans certaines cultures ».

 

Jean-Christophe Tardivon

 

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