Quand le bâtiment va, tout va ! Cette phrase est un bon exemple d'erreur de raisonnement... C'est confondre la cause et l'effet, puisque c'est en fait quand tout va que le bâtiment va. De tels aphorismes biaisés, il en existe d'autres...

Gilbert MENUT, Maire de Talant, dans son édito paru dans le magazine de la ville de Talant nous emmène à la découverte de ces "approximations que l’évidence érigée en bon sens populaire fera gober au citoyen dans un programme entériné par le suffrage universel".

Gilbert MENUT, Maire de Talant,Cette phrase bien connue, archi-usée et un peu oubliée, vient de réapparaître. Elle est un bon exemple d’erreur de raisonnement utilisée comme tromperie politique. 

Ce slogan permet de flatter les maçons, plombiers et terrassiers, tous les corps de métier concernés, et de faire croire qu’en relançant le bâtiment on fait acte de volontarisme économique avec toutes les conséquences positives attendues :
plein emploi notamment.
C’est confondre la cause et l’effet, puisque c’est en fait « quand tout va, le bâtiment aussi ! ». Le bâtiment n’est pas le moteur spécial du dynamisme économique.
La voiture (excuses aux écologistes), l’aéronautique (bis), le commerce y compris maritime (ter) et la chasse aux boulettes de magnésium platinifères dans les bas-fonds océaniques, le sont aussi. Toute activité n’est qu’une partie d’un dynamisme global dont le moteur réel est… l’argent !
Le slogan « quand le bâtiment va, tout va » est une manière de justifier toutes sortes
d’autres approximations que l’évidence érigée en bon sens populaire fera gober au citoyen dans un programme entériné par le suffrage universel.


De tels aphorismes biaisés, il en existe d’autres !
« Dans les communes, installer des entreprises, ça fait des rentrées fiscales » ; outre que c’est prendre les entreprises pour des vaches à lait, ce fut vrai mais ça ne l’est plus depuis 15 ans. Les communes ne touchent plus la taxe professionnelle ou ses ersatz. Ainsi, installer une entreprise à Talant aujourd’hui n’apporte pas un sou à la commune ; la dotation versée est figée, quoi qu’il arrive. Un cabinet d’études nous avait même proposé de remplacer la zone d’activité par des logements ; on ne l’a pas fait.
« S’il y a plus d’habitants, ils seront plus nombreux à payer l’impôt, donc chacun paiera moins » ; ce fut toujours faux car l’impôt local est calculé par logement et non par habitant. Une personne seule ou un ménage de 4 personnes, fiscalement, c’est pareil ; d’ailleurs dans un « ménage » de 4 personnes, il n’y a souvent qu’un adulte. De plus, des habitants nouveaux entraînent des charges nouvelles et l’habitant cyniquement le plus « rentable » c’est l’actif en fin de carrière, à l’aise financièrement, qui n’a besoin d’aucun service particulier et mieux encore, est souvent parti… Quelle belle société, vraiment !, que celle des gens certes sans problème, mais plus ou moins isolés sans lien avec leur territoire ! Ça existe : plus la ville est grande, plus la société est citadine, plus c’est comme ça : Hong-Kong ! Vous iriez habiter Hong-Kong ?
« Une ville (une métropole) qui perd des habitants est une ville sans dynamisme ». C’est une rengaine que la réalité locale dément tous les jours. Chenôve a perdu un tiers de ses habitants en 20 ans : décohabitation, baisse de la natalité, vieillissement de la population comme partout ailleurs ; la routine… Mais surtout, une volonté délibérée initiée par Roland Carraz et poursuivie par Jean Esmonin pour alléger la charge urbaine et restructurer le bâti social avec beaucoup plus de démolitions que de reconstructions. Peut-on dire pour autant que Chenôve a décliné ou manque de dynamisme, se ratatine ? Voyez Le Cèdre ! Talant a perdu 12 % de ses habitants en 20 ans, et repris 2 % ; personne n’a rien vu ou ressenti. Seuls les chiffres de l’INSEE nous en informent. Pendant ce temps, d’autres villes ont vu leur population augmenter :
vont-elles mieux et surtout les habitants y sont-ils plus heureux ? Poser la question, c’est y répondre. Les ressorts de la vie des gens créent
les besoins et les souhaits d’installation ou de départs des familles, pas les décrets des technocrates et autres schématiques (schémas, schématiques, schismes, schismatiques, on a bien eu la bravitude).
Dans la suite de cette course à l’obésité démographique, on entend : « il faut construire des logements pour augmenter la population ».
Toutefois, augmenter la population n’est pas une fin en soi et de plus bâtir n’est pas le premier attrait. Il faut entretenir les habitations, rénover
le parc public ou privé. Avoir des logements vacants ou des logements en mauvais état, ça ne se résout pas que par la construction. Avoir
des logements neufs dont les locataires et même parfois les propriétaires, changent rapidement, voilà qui inquiète…
« Les collectivités doivent investir pour soutenir l’emploi. » C’est aussi faux que sympathique. Une collectivité doit investir pour produire un équipement qui satisfera un besoin ou un voeu de la population. Complémentairement, ça soutiendra l’emploi.
Un autre encore, où cause, effet, but et conséquence, tout est confondu pour la fin la plus fourbe, la plus faux-derches ; il faut le dire d’un air triste, les yeux mi-clos, même papillonnant d’émotion, un peu penché en avant, les mains devant soi, l’une sur l’autre, comme un abbé qui va recueillir vos aveux à confesse (François Mitterrand faisait ça très bien) : « les emprunts d’aujourd’hui sont les dettes laissées aux générations futures ». Cette tartufferie est l’une des plus goûteuses !
L’emprunt est un moyen de financement comme les autres (l’impôt) et comme les autres (l’impôt), il ne faut pas en abuser. Si on laisse aux suivants l’emprunt, on laisse aussi l’équipement et les services qu’il permet. Va-t-on attendre d’avoir les sous pour construire une école ?
Les enfants seront grands avant ! Même ma grand-mère qui n’aimait pas l’emprunt (réminiscence d’emprunt russe ?) reconnaissait que quand il fallait, on pouvait.
Comme disent les enfants, trop drôles ceux qui vous disent : il faut relancer l’économie, sauver les emplois, installer des entreprises, ne rien dépenser, etc.

Pour obérer l’avenir proche des générations futures, en effet, il n’y a qu’à faire comme ça !
À ce propos, c’est valable aussi pour les élections nationales.

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