Kildine Bataille-Bennetz, rester une femme libre

05 juillet 2022

La chose et le secteur publics l’ont toujours attirée, bien qu’elle ne s’imaginait pas être élue. D’ailleurs, Kildine Bataille-Bennetz a d’abord étudié les coulisses du milieu politique avant d’y faire ses premiers pas. Aujourd’hui adjointe au maire en charge de la petite enfance et de l’égalité Femmes/Hommes, elle agit en toute transparence et garde le souci constant d’être une femme libre de ses actes.

« Un cauchemar permanent… » Quand elle évoque le début de son cursus universitaire, en médecine, Kildine Bataille-Bennetz ne mâche pas ses mots, elle qui n’est d’ailleurs pas familière de la langue de bois. « Je voulais devenir psychiatre mais j’avais une âme littéraire alors j’ai vite changé de voie. » Elle intègre finalement une formation pluridisciplinaire où se mêle droit, sociologie, littérature et un brin de communication. « Nous abordions aussi bien la communication du point de vue des médias que de la politique. J’avais trouvé ma place. » DEUG Lettres et Langues en poche, elle poursuit son parcours à Créteil avec un DESS tourné vers la communication politique et publique en France et en Europe. A côté de sa formation, elle enchaine les petits boulots pour financer cette vie parisienne. « J’ai notamment travaillé pour la mairie de Paris en distribuant des repas aux SDF le soir, la nuit et pendant les vacances. »

Dans les coulisses d’une campagne
La fin de sa formation coïncide avec le lancement de la campagne présidentielle de 2002. « Je voulais aller sur le terrain, intégrer un QG de campagne pour mettre en pratique mes connaissances. » Elevée dans une culture de gauche, par des parents issus de la classe populaire, elle écrit régulièrement au Parti Socialiste qui finira par lui répondre. « Je ne connaissais personne mais on m’a invité à rejoindre l’équipe de Lionel Jospin. » Ses débuts en politique se feront dans la cellule internet et dans la réponse aux courriers des citoyennes et citoyens. Pendant plusieurs mois, elle vivra une campagne de l’intérieur en parallèle d’une nouvelle formation à l’institut supérieur du management politique et public, qu’elle clôturera d’un mémoire dressant le constat d’un échec. Plus tard, recrutée par une agence de communication de renom, elle gère différents portefeuilles clients tels que celui de Microsoft. « J’ai eu également la charge d’une association de femmes dirigeantes qui m’a amené à travailler sur le management au féminin dans différentes sphères, notamment politiques. J’ai constaté les difficultés qu’elles avaient à accéder aux responsabilités, confrontées au plafond de verre. » Elle-même témoin de la violence dont les femmes peuvent être victimes, elle en a fait un de ses plus gros combats.

Partager les valeurs d’une entreprise
Entre 2003 et 2004, elle se retrouve à nouveau sur le marché de l’emploi et épluche les petites annonces. « La Poste Ile-de-France cherchait une personne en charge des relations presse. J’ai candidaté en précisant que j’aurais une préférence pour les relations institutionnelles et publiques. J’ai eu de la chance, le poste venait de se libérer ! » Bien qu’elle occupe aujourd’hui la fonction de déléguée régionale Numérique & RSE à La Poste, elle se présente fièrement comme postière. « C’est une entreprise que j’ai choisie, dont je suis fière. Le service public a du sens pour moi et reste une valeur à laquelle je suis profondément attachée. » Kildine Bataille-Bennetz arrive en Bourgogne Franche-Comté en 2004, où elle déploie les projets de communication du groupe La Poste à l’échelle régionale.

Et si…
Mère célibataire, la cadre mène de front sa carrière et ce rôle. En 2017, alors qu’Emmanuel Macron fondait son mouvement, invitant la société civile à le rejoindre, Kildine Bataille-Bennetz s’inscrit sur internet avant d’être tirée au sort pour intégrer le conseil national d’En Marche. Elle est alors identifiée localement par les acteurs politiques. Pour La Poste, elle est également amenée à côtoyer les services de la ville et de la métropole de Dijon pour plancher notamment sur les alternatives à la décarbonation et établir une convention entre la collectivité et son entreprise. Elle rencontre alors François Rebsamen qui l’encourage à se présenter, à parler de son parcours, ses attentes, et sa vie à Dijon. « Il cherchait à établir sa liste pour les prochaines élections. C’était un nouveau défi, celui de quitter les coulisses pour le devant de la scène. Pour moi qui étais toujours en train de gueuler contre les pouvoirs publics, c’était l’occasion de faire et de dire les choses, de porter mes combats et d’agir ! »

… vous faisiez de la politique
Elue, elle devient adjointe au maire en charge de la petite enfance, de l’égalité Femmes / Hommes et de la Lutte contre les violences faites aux femmes. Par souci de transparence, elle garde son emploi à La Poste mais abandonne les relations aux collectivités. « Garder mon travail me permet de rester libre et indépendante, de payer mon loyer, subvenir à mes besoins. Le statut d’élu reste précaire. Aux prochaines élections, on ne sait pas ce qu’il adviendra. Mon emploi me donne aussi la possibilité de quitter mes fonctions d’élue si je ne peux pas agir comme je le souhaiterais. » D’ailleurs, l’adjointe au maire demande plus de moyens pour les deux délégations qu’elle porte, notamment auprès de l’Etat. « La petite enfance comme l’égalité Femmes / Hommes ont besoin de moyens financiers mais aussi humains. Ce sont des sujets sociétaux et de vie quotidienne majeurs et mon objectif vise à améliorer le quotidien des Dijonnais et des Dijonnaises à ces sujets. Je travaille en toute transparence, je dis les choses, sans fard, et je cherche les solutions. »


Montrer que c’est possible

Jour après jour, Kildine Bataille-Bennetz jongle entre son emploi à La Poste, sa fonction d’élue, son rôle de mère et sa vie privée. Mariée depuis quelques semaines, mais sans « mari à domicile », elle tente de concilier au mieux les différentes pièces du puzzle qui compose sa vie, notamment en profitant des modes de garde périscolaires mis en place par la Ville. « Je veux aussi briser le plafond de mère, prendre la parole et agir, pour toutes celles qui n’osent pas ou ne peuvent pas. » Ainsi, elle n’hésite pas à emmener son fils en réunion quand celles-ci se déroulent en fin de journée ou demande la mise en place d’un système de garde pour les parents isolés. « On peut faire différemment en associant les parents aux discussions pour améliorer nos politiques publiques, en positionnant les réunions plus tôt. Les parents – et notamment les mères, qui exercent encore majoritairement encore la charge familiale - peuvent tout concilier, à condition de s’imposer, et d’apprendre à dire non quand cela est nécessaire. » Ainsi, l’adjointe prévient qu’elle ne veut pas de rendez-vous trop tôt le matin pour conduire son fils de neuf ans à l’école ou qu’elle préservera certaines soirées pour être avec lui, que ce soit dans son mandat ou à La Poste. Des choix qui s’imposent encore majoritairement aux mères mais dont les pères prennent conscience, eux-mêmes confrontés à des remarques déplacées quand ils sollicitent leur congé paternité par exemple. Même si l’adjointe évolue dans un contexte complexe depuis sa prise de fonction, entre crise sanitaire et guerre en Ukraine, elle n’a aucun regret sur les choix qu’elle a fait. « Dans ces circonstances, on mesure l’importance du rôle du local, de la proximité et de notre capacité à chercher et tenter de trouver des solutions, en étant à l’écoute constante et au service des habitantes et habitants. » 

Nadège Hubert

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